Reflex ou compact ? K10D vs A30
Comparer reflex et compact peut sembler osé puisque ces deux types d’appareils se situent sur des créneaux totalement différents du marché.
Ce sont pourtant deux types d’appareils avec lesquels je sors sur le terrain et qui se complètent fort bien. Ceux que j’utilise, les Pentax K10D et Optio A30, ont de plus des caractéristiques qui les rapprochent : la marque, le nombre de pixels, la stabilisation, l’agencement des menus et… la couleur du boîtier.
Comparons d’abord ce qui ne l’est pas pour en venir aux capteurs et aux conséquences.
Objectif
Le K10D est un reflex à objectif interchangeable. On ne va donc pas passer en revue la totalité des cailloux disponibles dans la marque et chez les accessoiristes.
L’Optio est équipé d’un zoom 7,9mm-23,7mm (équivalent à un 38mm-114mm en format 135, encore appelé 24×36, si on en croit la documentation Pentax) ouvrant au maximum à f/2.8-f/5.4 selon la focale. Comme bien des compacts, la plus petite focale est déjà importante et ne mérite pas l’appellation grand-angle. Il faudrait pour ça descendre sous l’équivalent d’un 35mm pour idéalement tourner autour de 28mm voire moins. Avec sa focale la plus courte équivalente à 38mm, l’Optio permet néanmoins de réaliser de chouettes paysages et d’aider en situation de reportage. L’ouverture importante représente par contre un atout, tant au niveau de la qualité d’image que de la polyvalence.
Ergonomie
Les deux appareils sont très différents : nombreux molettes et boutons pour le K10D ; commandes minimalistes sur l’Optio A30. Pourtant, grâce à un agencement des menus très proche, on passe d’un appareil à l’autre sans beaucoup de soucis et on retrouve toujours facilement les options qu’on cherche, même celles enfouies loin de notre vue. Par comparaison, le parcours des menus d’un APN compact Sony est une vraie galère (c’est, semble-t-il une marque de fabrique du plus célèbre fabriquant d’équipements électroniques de la planète ; tous les appareils Sony que je possède, camescope, ampli-tuner, sont affublés de menus alambiqués. Quant à la documentation…).

Pentax K10D (source Pentax)
Tous deux disposent d’un mode “vert” anecdotique (encore que, quand on prête l’appareil, le placer sur le mode vert peut se révéler être une bonne idée ; pas de questions, pas de problème, des photos dans la boîte et voilà) et permettent de reconfigurer (même si c’est très limité sur l’A30) les boutons.
Forcément, côté programmes, on est aux antipodes : conformément à sa vocation grand public, l’A30 propose de nombreux — très nombreux — programmes résultats dont certains (animaux domestiques) relèvent du délire et d’autres (documents) sont de bonnes idées ; le K10D, en phase avec sa cible experte, se limite aux modes à priorité avec, là aussi, des preuves de la créativité de Pentax dans les modes priorité sensibilité (Sv) (comment les autres n’y ont pas pensé puisqu’en numérique, c’est désormais un paramètre variable ?) ou priorité ouverture et vitesse (TAv) (rendu possible, justement, par le caractère variable de la sensibilité).
Côté écran, les deux proposent un afficheur 2,5″ (un peu plus de 6 cm de diagonal). L’A30 l’emporte quand même avec 232000 pixels contre 210000 pour le K10D (surtout que sur le reflex, le format d’image étant plus panoramique que l’afficheur, une partie des pixels est inutilisée). Dans la pratique, cette très légère différence ne se voit pas.
Si on regarde maintenant le poids, l’A30 se contente de 150 g quand le K10D affiche presque 800 g sans objectif. L’un tient dans la poche, l’autre dans un petit fourre-tout ou un petit sac-à-dos.
Stabilisation

Optio A30
Les deux appareils sont frappés du logo SR (Shake Reduction) qui indique la présente d’un mécanisme de déplacement du capteur pour compenser les mouvements involontaires du photographe. Si ces déplacements sont obligatoirement limités, ils permettent néanmoins de contre-balancer dans une bonne mesure les tremblements de l’opérateur et de gagner en stabilité. Ce qui signifie que les photos seront plus nettes dans des circonstances plus difficiles que si ce mécanisme était absent.
Quand il entre en jeu, ce mécanisme émet un son léger, surtout audible sur l’A30. Si Pentax affirme, au moins sur le K10D, que son usage ne se traduit pas par une consommation accrue d’énergie, je me permets pour ma part d’affirmer le contraire ; même si un soin attentif a été apporté à cet aspect, il n’y a pas de dispositif qui ne consomme rien.
Flash
Pour ce qui concerne l’éclairage d’appoint, les deux appareils sont munis d’une source flash qui présente, en gros, les mêmes caractéristiques : trop faible, d’une couverture loin d’être homogène mais avec l’avantage d’être toujours disponible… tant qu’il reste assez d’énergie dans la batterie pour les charger.
Le K10D, en bon reflex, présente évidemment l’avantage d’être doté d’un sabot contact prêt à accueillir un flash puissant et polyvalent.
Support mémoire
Mes deux compagnons enregistrent leurs images sur des cartes SD ou SDHC. Deux ou quatre gigaoctets sont largement suffisants pour de longues longues sorties en mode JPEG, même avec les réglages les plus gourmands. Par contre, le K10D étant capable d’enregistrer des images au format RAW, une capacité trop petite peut être pénalisante pour les adeptes de ce format.
Mise au point
Les deux appareils sont autofocus, évidemment. Les deux permettent aussi une mise au point manuelle. Chose naturelle sur le reflex, l’opération est un peu plus trapue sur le compact et pour tout dire du niveau de l’anecdote.
Concernant l’autofocus, la méthode employée n’est pas la même ; chacun est fidèle au monde auquel il appartient. Le reflex dispose d’un capteur dédié placé devant le miroir quand le compact utilise directement le capteur d’image pour réaliser sa mise au point mais surtout le reflex réalise une analyse de phase entre deux visions décalées de la même partie de l’image là où le compact se contente de rechercher un contraste maximal. Sans entrer dans les détails, le reflex est bien mieux équipé pour réaliser une mise au point rapide et précise dans des conditions bien plus piégeantes que ce que ne permet le compact.
Capteur
Les deux appareils revendiquent 10 mégapixels. Pour autant, leurs capteurs sont fort différents.
D’abord, ils ne disposent pas les pixels de la même façon. Le K10D les agence selon une matrice de 3872 x 2592 pixels quand l’Optio les présente par 3648 x 2736, ce qui fait respectivement 10 036 224 et 9 980 928 pixels (on voit que l’A30 usurpe de peu son appartenance au clan des 10 Mpix. Notons que la doc fait état de 10,37 mégapixels. Comme le mégapixel est une unité commerciale à laquelle chacun peut donner la valeur qu’il veut, ça n’indique rien. Surtout que la doc précise que seuls 10 mégapixels sont effectifs ! Bref, une bonne vielle multiplication donne le vrai résultat, mais dans le magasin, on n’a pas le temps de regarder ça). Plus intéressants sont les formats : 3872/2592 = 1,49 soit en gros, 3/2 et 3648/2736 = 1,333 soit 4/3. Le reflex est donc d’un format plus panoramique, plus étiré, que le compact.
Le nombre de pixels n’est pas tout, loin s’en faut. La caractéristique majeure d’un capteur est sa taille physique. Ainsi, le K10D exhibe un capteur APS-C de 23,5×15,7 mm contre 1/1,8 pouces pour l’A30. Là encore, on ne va pas féliciter Pentax pour sa transparence : c’est quoi 1/1,8 pouce ? Si on fait la division et qu’on ramène en millimètres, on trouve 1 / 1,8 x 25,4 = 14,1 mm. Mais à quoi diable peut-on les comparer et que représentent-ils ?
On va s’y prendre autrement : puisque la marque nous fournit les focales et leurs équivalents 24×36, servons nous de cette information. Si on divise 38 par 7,9 ou 114 par 23,7 on trouve 4,8. Dit autrement, le format du capteur est 4,8 fois plus petit qu’une pellicule argentique 24×36. Cette dernière a une diagonale de 43,27 mm, donc l’A30 dispose d’un capteur de 43,27/4,8 = 9 mm de diagonale. Il y a un monde de 9 mm à 14,1 mm ; il était utile de faire le calcul.
Bref, 23,5×15,7, soit 28,26 mm de diagonale pour le K10D contre 9 mm pour l’A30 ; comme on dit dans le milieu, il n’y a pas photo. Pour faire des calculs grossiers, les pixels de l’A30, puisqu’ils sont pratiquement aussi nombreux, ont des dimensions 3 fois plus faibles que celles des pixels du K10D. Leur surface est donc 9 fois plus petite. Ils captent donc 9 fois moins de lumière. On se doute bien que ça a une incidence sur la sensibilité du bazar, donc sur ses performances en basses lumières. Mais, en conditions ultra-lumineuses, en plein soleil, ce peut parfois être un avantage.
Le problème, c’est que pour contre-balancer la sensibilité moindre, le fabricant n’a entre les mains en gros qu’une seule solution : l’amplification (parfois appelé gain). Si tout était parfais, il n’y aurait pas de problème. Hélas, la perfection n’étant pas de ce monde, l’amplification s’accompagne d’une augmentation du bruit (nom édulcoré pour dire défauts).
Autre conséquence de la taille réduite des pixels, l’appareil est beaucoup plus sensible à la diffraction. Sans entrer dans les détails (la compréhension du phénomène fait appel à des notions d’optiques qui sortent largement du cadre de cet article), au delà d’une certaine valeur de fermeture du diaphragme, le piqué de l’image chute très sensiblement rendant l’image molle et affectée d’aberrations.
Enfin, la taille réduite du capteur impose l’emploi, pour un même rendu géométrique, de focales beaucoup plus courtes avec l’A30 qu’avec le K10D. Il se trouve que plus la focale est courte, plus la profondeur de champ est importante. A focale équivalente (c’est à dire donnant un angle de champ identique), le compact doit donc être ouvert plus grand, nettement plus grand, pour donner une profondeur de champ identique au reflex. Du coup, Pentax ne nous fait pas un cadeau avec l’ouverture maximale de f/2.8 du A30 mais tient compte des contraintes spécifiques à ce type d’appareil. Une ouverture encore plus importante serait même tout à fait bienvenue.
Pour ce qui concerne le type de capteur, les deux appareils sont équipés d’un CCD à transfert interligne.
Ce type de capteur permet de vider son contenu pendant l’exposition. C’est donc logiquement ce type de capteur qu’on trouve sur les camescopes et sur les appareils dépourvus de viseur, comme l’Optio A30. Ils permettent de s’affranchir de la présence d’un obturateur puisque la prise de vue se termine avec le vidage.
Bien que plus complexes que les capteurs à transfert d’image entière, ils sont généralement moins chers car produits en plus grandes séries. Leur principal défaut est que la taille des pixels est réduite à cause de la présence, entre chaque ligne, d’un dispositif de collecte des électrons. Leur sensibilité est donc réduite dans les mêmes proportions.
On pourrait s’attendre à trouver, sur le reflex, un capteur à transfert d’image entière puisque l’obturateur à rideau est là et que le K10D n’est ni doté d’une fonction vidéo ni même d’une fonction live view.
Pentax a choisi ce capteur très certainement pour des raisons de coût, au prix, pour l’utilisateur, d’une sensibilité réduite, donc d’un niveau de bruit supérieur, comparé à un capteur à transfert d’image entière. Dommage.
Notons, par corollaire, que les reflex proposant un mode live view et/ou un mode vidéo sont donc équipés d’un capteur à transfert interligne. Au moment du choix, il faut mettre dans la balance la sensibilité et le bruit face aux fonctionnalités.
Pour finir
Sur le terrain, les deux appareils se complètent à merveille. L’Optio permet des prises de vues impossibles à réaliser avec le reflex en dépit de son écran fixe. Il permet aussi de ramener de courtes vidéos sonorisées ou de simples commentaires audio en plus des images. Pratique pour se remémorer les conditions de prise de vue. Il s’en tire plutôt bien tant que la lumière est là. Ses fonctions avancées permettent même de piloter les paramètres de prise de vue assez finement. En pratique, l’histogramme allié à la correction d’exposition s’avèrent suffisants dans la plupart des cas.
Au niveau optique, les résultats sont plutôt bons d’un point de vue subjectif. L’exemplaire dont je dispose présente tout de même une défaut de netteté sur le bord gauche de l’image qui peut s’avérer gênant en photo de paysage (alors que c’est un de ses boulots favoris). M’en étant rendu compte trop tard, pas moyen de faire jouer la garantie.
Le reflex est évidemment un autre monde. Les résultats sont meilleurs mais pas uniquement du fait de la construction et de la qualité du matériel ; en sortant avec un tel appareil, le photographe n’est évidemment pas nourri des mêmes intentions. L’impact sur les images est visible, obligatoirement.