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B.A.BA : le minimum syndical

Le minimum syndical
Une image à améliorer

Nos appareils photo numériques et les scanners actuels sont de plus en plus performants pour mesurer la lumière et pour tirer de la scène le maximum d’information en respectant des règles toujours plus complexes.

Pour autant, il est assez rare qu’une image puisse être présentée en l’état sans qu’on ait à intervenir.

L’image présente souvent de nombreux défauts : taches, horizon incliné, écarts de lumières trop importants conduisant à une mesure décalée, trop claire ou trop sombre (le plus souvent), etc.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, à l’époque de la photo argentique déjà, les images qu’on regardait étaient fort différentes de ce qu’il y avait sur le négatif et, à moins de travailler en inversible, on ne voyait jamais le résultat brut de nos prises de vue.

Les logiciels disponibles aujourd’hui permettent de corriger ces défauts mais ils restent complexes à utiliser et on peut facilement se perdre dans la panoplie des outils qu’ils proposent. Il est du coup très facile de passer beaucoup de temps pour obtenir un résultat décevant quand ce n’est pas moche.

Du coup, si on veut obtenir rapidement un résultat convenable, quelles sont les opérations de base auxquelles il est difficile d’échapper et dans quel ordre les mener ?

Eliminer les imperfections

La première chose à faire est d’inspecter l’image pour éliminer les imperfections résultant de la présence de poussières sur le capteur (ou sur la photo, la diapo ou le négatif numérisés).
Ces taches sont essentiellement gênantes dans les parties “lisses” de l’image, notamment le ciel quand il est exempt de nuages.

Notons que, en numérique, ces défauts sont l’apanage des reflex à objectif interchangeable. Les compacts et les bridges sont en principe à l’abri de ces problèmes (encore que l’usure des éléments mécaniques de l’objectif peut à la longue venir polluer le capteur de ces appareils).

L’élimination de ces défauts doit se faire avant toute réduction de la définition et avant tout traitement ; plus tard, l’opération risque d’être difficile et moins efficace.

Eliminer les imperfections
Fig. 1 : pourquoi laisser ces taches ?

Pour faciliter la recherche et la retouche, on peut s’aider en plaçant au dessus de l’image un calque temporaire qui accentuera leur visibilité ; niveaux, contraste, etc. au choix, selon les circonstances. Si les défauts sont trop nombreux, il sera plus efficace de nettoyer le capteur de l’appareil ou de prendre des précautions de numérisation plus sérieuses avec le scanner ; une poussière qui n’est pas là n’a pas besoin d’être éliminée.

Ensuite, prendre soin de sélectionner le calque contenant l’image avant d’utiliser l’outil qui permettra la correction : duplication, atténuation, doigt, etc.

Une fois l’opération terminée, on peut supprimer le calque temporaire et passer à l’étape suivante.

Redresser l’image

Autre opération à mener quand l’image est encore dans sa définition d’origine, le redressement de l’horizon ainsi que la correction des verticales. En effet, ces opérations entraînent obligatoirement une perte d’information due au déplacement des pixels par rotation. Donc plus on dispose de pixels au moment de leur réalisation, plus la perte sera limitée.

Redressement de l'horizon
Fig. 2 : redresser l’image

Si, comme dans Photoshop Elements, on dispose d’un outil spécifique pour redresser l’horizon, l’opération sera facilitée sinon on peut se débrouiller avec l’outil de rotation ; dans ce cas, on s’aidera avantageusement en plaçant un calque temporaire vide au dessus de l’image sur lequel on tracera des lignes horizontales placées judicieusement ainsi que des verticales elles aussi placées intelligemment si on doit aussi redresser les verticales (certains logiciels savent afficher une grille qui évite d’avoir à user de cette astuce).

Signalons qu’iPhoto, dans ses dernières versions, propose un mode de redressement des horizons sans équivalent ; un travail à faire là avant même de confier la suite des opération à votre logiciel de retouche.

Recadrer le résultat
Fig. 3 : recadrer

Redresser les verticales demande plus de doigté et consiste à déformer l’image. L’outil utilisé, dans Photoshop Elements, s’appelle Perspective. Ses réactions diffèrent quand on le manipule par les coins et par les bords. On peut aussi préférer utiliser les outils Torsion et Inclinaison qui, en fonction des déformations de perspective à corriger, peuvent s’avérer mieux adaptés.

Typiquement, les images de bâtiments sont faites le plus souvent en contre-plongée. La base est donc plus large que le haut. La correction consistera donc à resserrer la base en s’aidant de la grille ou des repères tracés plus tôt. Personnellement, à moins d’un effet particulier, j’évite de redresser totalement les verticales ;  je trouve que le résultat est trop artificiel et du coup se voit. Il ne faut pas que le remède soit pire que le mal. Mais ça se justifie parfois.

Les opérations de redressement entraînent l’apparition, autour de l’image, de zones ne contenant plus rien. Faute de pouvoir créer une information qu’on n’a pas, il faut éliminer d’autres informations en procédant à un recadrage.

Régler la dimension

Une fois l’image d’aplomb, il est temps de la redimensionner. C’est en effet le moment idéal. Le travail qui nécessite une résolution maximale est terminé et, si on n’a pas besoin de tous ces pixels (photo 10×15, image pour le web, etc.), la suite sera plus facile avec une image moins encombrante (en effet, le traitement des images numériques est coûteux en temps de calcul et moins de pixels, c’est plus de réactivité de l’ordinateur).

Régler les lumières

Dernière opération souvent obligatoire, corriger l’exposition.

Une bonne idée et de toujours commencer par demander au logiciel de procéder à une correction automatique. Ce n’est pas toujours bon mais ça peu dépanner si on est pressé et, surtout, ça permet d’évaluer rapidement le potentiel de l’image.

Amélioration automatique
Fig. 4 : traitement auto

En effet, la méthode la plus généralement employée consiste à corriger automatiquement les niveaux canal par canal (rouge-vert-bleu) tout en tentant de maintenir dans la scène des plages blanches et noires. L’algorithmique déployée n’est pas strictement identique d’un logiciel à l’autre, chacun a ses petits secrets après tout, mais le rendu est souvent assez comparable.

Quoi qu’il en soit, cette méthode corrige généralement pas trop mal les dominantes colorées (balance des blancs) et optimise la dynamique de l’image. Certains traitements automatiques, comme celui de Photoshop Elements, mettent même en œuvre des mécanismes de nature à mettre en valeur les détails qui ressemblent, avec certaines images, à ceux utilisés dans le HDR.

L’image obtenue automatiquement est toujours un bon point de départ qui donne une référence de comparaison pour le travail qu’on va réaliser par ailleurs nous-mêmes.

Réglage du premier-plan
Fig. 5 : premier-plan

Dans notre exemple, l’image est globalement un peu trop sombre et manque un tantinet de dynamique. On distingue deux zones assez nettement différentes ; le premier-plan dans l’ombre et les lointains. On va donc traiter l’exposition en deux temps.

D’abord, occupons-nous du premier-plan. A l’aide d’un calque de réglage pour les niveaux, on éclaircit le ponton et la barque sans exagérer ; il faut que l’ombre reste présente. Evidemment, le ciel et les lointains sont du coup totalement cramés.

Il faut vraiment se contenter de juger la partie qui nous intéresse, on s’occupera du reste ensuite. Ici, j’ai volontairement exagéré pour bien montrer la démarche. Néanmoins, même aussi poussé, le résultat n’est pas déplaisant dans la zone qui nous intéresse.

Il faut maintenant indiquer au logiciel de n’appliquer cette correction qu’à l’endroit qui le nécessite et de laisser le reste en l’état. On va pour cela mettre à profit le masque de fusion du calque de réglage. Après l’avoir sélectionné ou créé, selon le logiciel, on va lui appliquer un dégradé noir vers blanc de haut en bas ; seule les parties grises ou blanches seront affectées par le réglage et le seront d’autant plus qu’elles seront claires. La progression du dégradé doit, dans notre exemple partir de l’horizon pour se terminer au milieu des eaux. La partie haute est revenue à ses valeurs initiales et on voit déjà ce que donne le bas. On peut comparer le résultat de cette première étape en activant et en désactivant alternativement le calque de réglage.

Réglage du premier-plan
Fig. 6 : 1er & 2nd plans

Passons maintenant à la correction de la partie haute. Désactiver pour cela le premier calque et en créer un nouveau, toujours pour les niveaux. Procéder aux réglages en se concentrant sur la partie haute maintenant. Dans notre exemple, j’ai choisi de régler individuellement les canaux rouge-vert-bleu plutôt que globalement. De cette façon, j’ai pu accentuer la présence des nuages et j’ai fait ressortir la teinte rosée du soleil de fin de journée. A nouveau, il faut indiquer au logiciel de n’appliquer ces réglages qu’à la partie haute de l’image. On pourrait utiliser l’outil de dégradé mais il est plus malin de copier le contenu du masque de fusion du calque de réglage précédent.

Calques & masques
Fig. 7 : calques & masques

Pour coller le contenu dans le masque du second calque, Photoshop Elements impose de le sélectionner au préalable en cliquant dessus avec la touche Alt enfoncée.

A ce stade, le second réglage est appliqué à la partie basse. Ce n’est pas ce qu’on veut ; c’est l’inverse. Donc, on inverse le contenu du calque. Ainsi, le réglage s’applique maintenant à la partie haute. Il ne reste plus qu’à activer le premier calque de réglage et de contempler le résultat.

Si tout était si simple, ce serait parfait mais on constate que les arbres sont maintenant trop sombres. C’est d’autant plus dommage que c’était la partie de l’image d’origine la mieux exposée. Au point qu’il n’était pas vraiment nécessaire d’y toucher.

Peindre dans le masque
Fig. 8 : peindre dans le masque

Dire qu’il suffirait que le masque de fusion des deux calques soit noir à cet endroit pour qu’on n’ait touché à rien. On va donc prendre le pinceau, régler sa taille et peindre en noir le masque de fusion du haut à l’emplacement de l’arbre. On prend soin de sélectionner le masque pour être sûr que la peinture ira bien là puis on passe sur toutes les parties de l’arbre qu’on veut récupérer.

On constate que la scène n’est pas peinte en noir mais que le feuillage reprend ses teintes d’origine ; c’est mieux comme ça. La vignette du masque reflète, avec un léger retard, l’intervention en cours.

On en profite pour raviver un peu la berge sous l’arbre en peignant aussi à cet endroit le masque de fusion du calque du haut. Il ne s’appliquera plus. Par contre celui du bas est ici dans sa zone de progression dégradée. Donc, il d’applique partiellement, contribuant à dynamiser ces herbes un peu trop sombres.

Au bout du compte, on aura transformé cette image comme on peut le voir ci-dessous :

Photo d'origine Photo d'origine

Conclusion

On remarquera qu’il est toujours utile de soigner l’exposition et le cadrage ; c’est autant de travail en moins et on évite la perte de qualité incontournable due au redressement de l’horizon. L’apparente facilité avec laquelle on prend des photos numériques et le faible coût que représente chaque cliché nous rendent parfois laxistes. Mais tout se paie.

Dans le même ordre d’idée, l’entretien du matériel permet de minimiser les taches et donc d’éviter un travail inintéressant.

Une fois le résultat atteint, on le compare avec l’original pour vérifier qu’on n’a pas involontairement éliminé des informations qu’on souhaitait garder. On le compare aussi au résultat obtenu par la méthode automatique. Si ce dernier est meilleur, c’est qu’on manque de pratique ; on doit faire au moins aussi bien.

Avec l’habitude, on finit par connaître les tendances de notre appareil et les réactions de notre logiciel. On peut donc plus facilement réaliser des images brutes de meilleure qualité, plus faciles à exploiter et deviner quand le logiciel sera capable de délivrer un résultat automatique.