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Le noir et blanc en numérique : premiers pas

Noir et blanc numériqueRien de plus facile, apparemment, que de générer une photo noir et blanc depuis une image numérique.

Et pourtant, passée la joie des premiers essais, on est vite déçu par le résultat si on est un tout petit peu exigeant.

Car le résultat est souvent plat, terne. Il n’est pas noir et blanc ; il est gris. Voici donc une première exploration des solutions qui s’offrent à nous avec leurs avantages et leur inconvénients.

Indiquons tout de suite que les opérations à réaliser ne seront pas décrites ici en détail. Ainsi, il sera facile d’adapter la marche à suivre aux outils dont vous disposez. Ça oblige aussi à comprendre ce qu’on fait plutôt de suivre aveuglément une recette miracle. D’ailleurs, il n’y a pas de miracle. Il n’y a pas de “meilleure” image. A chaque étape, il faut faire des choix et ce n’est pas un logiciel qui les fera à notre place.

Utiliser les fonctions intégrées dans l’appareil

Photo d'origine
Fig. 1 : Photo d’origine

Les appareils les plus simples savent enregistrer directement des images en noir et blanc. La plupart du temps, les contrôles sont limités voire inexistants.

Certains boîtiers plus évolués savent “développer” en noir et blanc une photos couleur déjà enregistrée dans leur mémoire. Ainsi, le K10D sait assurer cette fonction avec en prime la possibilité de simuler des filtres de couleur.

Si l’enregistrement a lieu directement en noir et blanc, sans enregistrement préalable ou simultané d’une image couleur, il est préférable d’abandonner cette solution. Si le boîtier sait développer en noir et blanc, on pourra se tourner vers cette possibilité quand on ne dispose pas de son ordinateur, surtout si le boîtier sait communiquer directement avec une imprimante. Ça peut dépanner.

Pour illustrer la suite de cette discussion, partons de cette image de deux grues jaunes sur fond de ciel bleu. La simplicité de sa composition et la palette de couleurs réduite aideront à comprendre le résultat des opérations.

Désaturer

Désaturation
Fig. 2 : Désaturation

Ça reste de loin la méthode la plus utilisée. Désaturer, c’est retirer la couleur en ne conservant que l’information d’intensité lumineuse. Parfois, une simple option de passage en noir et blanc sans possibilité de réglage est proposée. C’est la même chose.

Si on se contente de ça, l’image est souvent terne, sans relief. Plate. En effet, un bleu moyen et un jaune moyen, par exemple, se retrouvent gris moyen et ne contrastent plus. C’est parfois pratique mais cette perte de contraste retire à l’image une bonne partie de son impact.

Dans le logiciel de traitement, par exemple Photoshop Elements, pour désaturer, il est préférable d’utiliser un calque de réglage Teinte/Saturation plutôt que d’appliquer directement le traitement. L’avantage du calque, c’est de pouvoir revenir sur le réglage plus tard pour le peaufiner.

Le résultat, à cette étape dont se contente trop de gens, est, comme on peut le constater, assez plat. Le contraste qui existait entre le bleu et le jaune, du fait de leur position opposée sur la roue des couleurs, est ici perdu. A moins d’avoir acheté tout ce beau matériel et ces beaux logiciels (car vous achetez vos logiciels, n’est-ce pas !) par simple devoir de faire marcher l’économie, il va falloir trouver un moyen de faire ressortir ce contraste perdu.

Simuler l’utilisation d’un filtre de couleur

Ceux et celles qui ont fait de la véritable photo noir et blanc savent qu’il était d’usage de placer devant l’objectif un filtre coloré destiné à renforcer certains contrastes. La couleur et la densité du filtre était choisies selon les circonstances (et surtout dans la panoplie dont on disposait). On avait l’habitude de dire que le filtre éclaircissait sa couleur et assombrissait sa couleur complémentaire avec toute une gamme de gris pour les autres teintes.

Avec un filtre bleu
Fig. 3 : Avec un filtre bleu

La conséquence directe était une diminution de la quantité de lumière qui parvenait à la surface sensible, donc une incidence direct sur le couple vitesse-ouverture.

En numérique, le passage en noir et blanc ayant lieu plus tard, les filtres peuvent être simulés par l’ordinateur en agissant sur les courbes de réponse des trois composantes rouge-vert-bleu. Le couple vitesse-ouverture ne sera donc pas impacté lors de la prise de vue (néanmoins, l’utilisation de filtres, même numériques, se traduit par une baisse de la quantité de lumière globale. Puisqu’on a gardé les paramètres de prise de vue initiaux, on se trouve donc dans une situation de sous-exposition).

Dans Photoshop Elements, on peut ainsi placer un calque de réglage Filtre photo… entre le calque contenant l’image et le calque de désaturation créé à l’étape précédente. L’atténuation due au filtre peut être compensée en indiquant au logiciel de préserver la luminosité. C’est d’ailleurs la valeur par défaut. Ça sert à contrecarrer la sous-exposition due à l’application du filtre après la prise de vue.

Il ne reste plus qu’à choisir la couleur et l’intensité du filtre. Les teintes les plus standard sont simulées (réchauffant/refroidissant) mais on peut utiliser n’importe quelle couleur du nuancier.

Avec un filtre orange
Fig. 4 : Avec un filtre orange

Si elle permet de déjà bien améliorer les choses, cette méthode ne reproduit pas fidèlement les résultats qu’on avait avec de vrais filtres et de vraies pellicules. Avec Photoshop Elements en tous cas.

Par exemple, la première image correspond à l’application d’un filtre bleu (j’ai même poussé jusqu’à sélectionner le bleu du ciel pour définir la couleur du filtre).

Elle devrait se traduire par un ciel plus clair et des grues plus sombres. C’est le contraire. Pour la seconde, j’ai utilisé un filtre de la couleur opposée à celle de la première (il suffit d’ajouter ou retirer 180° à la teinte dans le contrôle TSL). Le résultat devrait être un ciel assombri. C’est le contraire.

Bon. Malgré ces résultats déroutants, quand on le sait, on s’en sort très bien. C’est néanmoins la méthode qui reproduit le plus fidèlement le processus d’autrefois.

Notons au passage qu’ici, j’ai demandé aux filtres de ne pas conserver la luminosité ; comme le résultat était du coup très sombre, j’ai ajouté un claque de correction des niveaux que j’ai réglé en automatique. Le résultat est plus marqué.

Un filtre psychédélique

Filtre psychédélique
Fig. 5 : Filtre “psychédélique”

L’avantage du numérique est de permettre des opérations impossibles à réaliser en argentique.

Avec un filtre jaune, on voyait tout en jaune. Avec un filtre bleu, on voyait tout en bleu. En numérique, on peut obtenir un filtre qui rend le rouge bleu, le bleu vert, le vert orange, etc.

Pour ce faire, à la place du calque Filtre photo…, on intercale un second calque Teinte/Saturation mais au lieu de jouer sur la saturation, on va jouer cette fois sur la teinte.

Si on ne fait que ça, il ne se passe pas grand chose. Il faut, pour obtenir un effet, régler le mode de fusion du calque sur Couleur. A partir de là, toute action sur la teinte se traduit par une réaction au niveau noir et blanc. On s’arrête quand le résultat est satisfaisant.

SourceIci, j’ai indiqué à Photoshop Elements que le bleu virait vert émeraude et que le jaune virait rose. J’ai un chouia poussé la saturation de ces deux couleurs. Le résultat montre un ciel sombre mais pas trop, laissant apparaître des nuages oubliés, et des grues plus claires (ce qui reproduit plus naturellement notre perception du jaune et du bleu). En vignette, on voit le rendu de ce traitement si on masque la désaturation ; c’est psychédélique.

Réglages fins et astuces

On peut aller plus loin en utilisant simultanément un calque pour travailler sur la teinte et au dessus ou en dessous, un filtre photo. On peut jouer sur la luminosité disponible dans le calque Teinte/Saturation en même temps que sur la teinte (et pourquoi pas sur la saturation tant qu’on y est).

On peut aussi jouer sur les réglages d’opacité du ou des calques intermédiaires. Il y a tellement de possibilités que le résultat risque d’être difficile à reproduire.

A suivre…